
N’écoutez pas les oiseaux de mauvais augure qui ont dû souffrir de trop attendre ce 007, tourné il y a deux ans… Il y a tout dans le dernier James Bond : le prologue italien (au féminin) le plus long de la saga, un générique splendide dans les ruines romaines sous-marines, des cascades à gogo (surtout dans la première partie, la plus importante), des paysages absolument splendides à travers le monde (Italie, Cuba, Norvège, Londres…), Ben Whishaw, toujours aussi craquant en Q, et même le verre de Martini…

Bref, ce cinquième et dernier Bond incarné par Daniel Craig remplit totalement son contrat de divertissement haut de gamme, même si on pourrait toujours chipoter sur telle ou telle petite longueur, mais c’est mal nous connaître… La référence à Spectre et le retour de Léa Seydoux en Madeleine Swann rend ce dernier épisode particulièrement réflexif, la propriété des Bond de Craig par rapport à ses prédécesseurs étant précisément de construire chaque film en rapport avec le ou les précédents, à la façon d’une série. Ce qui peut parfois rendre certains dédales du scénario inutilement compliqués…

Viril et vulnérable
Mais l’essentiel est ailleurs : les idées visuelles ne manquent pas (le jardin venimeux du méchant Rami Malek) et en cinq épisodes Daniel Craig (co-producteur) aura marqué James Bond de son sceau viril et vulnérable, l’épaississant par les muscles et l’âge, tout en lui conférant une certaine mélancolie, subtile évolution du personnage qui atteint ici son paroxysme, à travers un autre 007 (qu’on vous laisse découvrir) et une histoire d’amour poignante qui conduit pour la première fois James sur l’étendue du mélo, dans un finale bouleversant (chut), porté par la musique sublime de Hans Zimmer.

Merci pour ce moment, et rien que pour celui-là ce James Bond vaut largement le détour, y compris en 4DX : les sièges qui bougent traduisent non seulement les secousses des cascades réalistes à moto ou en voiture, mais aussi le vertige des mouvements de caméra qui s’envolent dans le ciel, usage intéressant qui épouse les mouvements de la mise en scène impeccable de Cari Joji Fukunaga. Seule déception en 4DX : la 3D (obligatoire) assombrit beaucoup trop l’ensemble du film, éteignant la poésie visuelle de ces adieux lumineux.
Mourir peut attendre de Cari Joji Fukunaga (EU, 2h43) avec Daniel Craig, Léa Seydoux, Rami Malek, Lashana Lynch, Ralph Fiennes, Ben Whishaw, Ana De Armas, Christoph Waltz… Sorti le 6 octobre.
