
Gérard Depardieu prend toute la place dans Les Volets verts, le nouveau film de Jean Becker reprenant un dernier scénario de Jean-Loup Dabadie adapté de Simenon. Même si un grand acteur ne suffit pas à faire un film…
Comme le chantait Francis Cabrel, on doit être « hors saison« . Une grande demeure vide au bord de la mer (et aux volets verts, donc), les années 70, et un grand acteur de théâtre qui, après avoir conquis public et conquêtes (féminines), connaît son premier trou sur scène… Pour mieux se rapprocher de la souffleuse (évidemment, c’est une femme). Le nouveau Jean Becker, c’est un peu Maigret acteur allant se reposer au bord de la mer. Mais sans enquête, sans noirceur (Becker confesse avoir tenu à gommer toute amertume de ce dernier scénario inachevé de Jean-Loup Dabadie), et a fortiori sans épaisseur… A part celle de Gérard Depardieu (au sens propre comme au sens figuré), et c’est déjà beaucoup. Il n’a pas son pareil pour faire vivre un dialogue ou une pensée, surtout quand ils sont de Simenon, ni pour écouter ses partenaires.

Fanny Ardant comme un mirage
Ils sont venus, ils sont tous là (pour gonfler l’affiche) : Fanny Ardant en écho à la magie de La Femme d’â côté, toujours aussi enivrante, Benoît Poelvoorde délicieusement modeste qui joue littéralement les seconds rôles en apportant une touche de comédie, et Anouk Grinberg pour le drame (un tantinet social). Ils sont tous les trois magnifiquement complices en faire-valoir du grand Gégé le temps d’une scène. Mais malheureusement leurs personnages ne font que passer (il vous faudra attendre longtemps le retour de Fanny Ardant).

Un film qui ne fait que passer
Certes, on a bien compris que Les Volets verts était un film sur le temps qui passe. Il n’est même que cela. Malgré toute l’humanité dont est encore capable le grand Gégé, le film lui aussi risque malheureusement de ne faire que passer, contrairement au superbe Maigret de Patrice Leconte, tout autant adapté de Simenon, mais avec une autre force d’âme. Ici, tout ramène à Depardieu : le grand acteur, la notoriété, les excès notamment d’alcool et le mépris du quand dira-t-on, jusqu’à chantonner Une petite cantate de son amie Barbara au générique de fin. Ça suffit à un grand acteur, mais pas à faire un film. Surtout quand il se termine (attention divulgachage), par une mort au soleil grandiloquente jusqu’au ridicule. Fermons les volets : Jean Becker a inventé le film posthume avant d’être mort…
Les Volets verts de Jean Becker (Fr, 1h37) avec Gérard Depardieu, Benoît Poelvoorde, Fanny Ardant, Stéfi Celma, Anouk Grinberg, Fred Testot… Sortie le 24 août.
