Sortir à Lyon
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Dahmer, la snuff série gay la plus vue de Netflix

Evan Peters dans Dahmer monstre la nouvelle série Netflix.
Evan Peters est Jeffrey Dahmer, le "cannibale du Milwaukee".

Tu m’étonnes que tout le monde regarde ! Voyeu­riste, sordide, malai­sant, mais aussi incroya­ble­ment bien inter­prété et mis en scène (même Gregg Araki a mis la main à la pâte pour un épisode !), Dahmer, monstre, L’His­toire de Jeffrey Dahmer, est un véri­table phéno­mè­ne… assez impres­sion­nant. Regar­dez le premier épisode vous fera tout de suite réali­ser ce que l’on doit ressen­tir quand on se retrouve entre les mains d’un serial killer de la dernière dange­ro­sité, prêt à vous décou­per ou vous dévo­rer. Car quand Dahmer donne un baiser, c’est souvent à une tête décou­pée… Son rêve était simple­ment au départ de s’al­lon­ger auprès d’elles, enfin d’eux, puisqu’il s’agit du « tueur en série gay qui mange les jeunes hommes« , avec une tendresse « pour les gens de couleur« . Mais cette snuff série sur le « canni­bale du Milwau­kee » qui a dépecé dix-sept victimes de 1978 à 1991 ne se contente pas de nous mettre mal à l’aise pour le plai­sir. Crédible, docu­menté (on entend même le véri­table appel de la voisine à la police dans le troi­sième opus)., l’es­sen­tiel des 10 épisodes est même consa­crée essen­tiel­le­ment à l’in­com­pré­hen­sion de ses proches, à commen­cer par ses parents (c’est Gregg Araki qui signe l’épi­sode Lionel consa­cré à son père, avec le formi­dable Richard Jenkins vu chez les frères Coen), et au combat des familles noires igno­rées et mépri­sées par la police avec le dernier cynisme raciste.

Shaun Braun et Evan Peters dans Dahmer monstre.
Shaun Braun, celui qui finira par faire arrê­ter Dahmer…

Ameri­can crime story à la Dexter

Critique du patriar­cat et des dégâts de son éduca­tion arrié­rée, dénon­cia­tion du racisme endé­mique et de l’ho­mo­pho­bie de la société améri­caine (d’un autre temps ?), le point de vue de cette nouvelle série créée par Ryan Murphy (Ameri­can crime story dont The Assas­si­na­tion of Gianni Versace, autre­ment plus formaté) ne souffre d’au­cune ambi­guïté malgré le malaise qu’elle suscite. Elle parvient à inscrire dans le contexte poli­tique d’une certaine histoire améri­caine ce portrait d’une person­na­lité crimi­nelle hors norme qui va en révé­ler toutes les contra­dic­tions. Froi­deur cada­vé­rique, regard absent, sourire et humour noir à la Dexter, Evan Peters est gran­diose en boy next door imma­ture, navi­guant dans les eaux troubles du désir et du refou­le­ment, tour à tour beau gosse et crado, véri­ta­ble­ment tendre et psycho­pathe sans rémis­sion. Un jeune homme qui refu­sera de se consi­dé­rer comme fou à son arres­ta­tion et récla­mera la peine de mort pour lui-même, lucide quant à son incu­ra­bi­lité. C’est un collègue black de sa prison qui finira par venger ses frères avec la dernière cruauté. Les trois derniers épisodes tirent un peu à la ligne comme souvent dans les séries, mais ce Dahmer aura su nous tenir en haleine par sa complexité et ses quali­tés ciné­ma­to­gra­phiques propres (Jenni­fer Lynch, la fille de David, a signé la majo­rité des opus).

Dahmer, monstre, L’His­toire de Jeffrey Dahmer de Jenni­fer Lynch et autres. Avec Evan Peters, Richard Jenkins, Niecy Nash, Dyllon Burn­side, Molly Ring­wald, Pene­lope Ann Miller, Shaun Braun… 10 épisodes entre 45mn et 1h05 dispo­nibles sur Netflix.

Evan Peters, impressionnant en tueur psychopathe dans Dahmer.
Bien­ve­nue chez Dahmer…