Mes Rendez-vous avec Leo, la bonne surprise roman­tique et sexuée de la fin d’an­née

Emma Thomp­son est irré­sis­tible. Daryl McCor­mack est craquant au petit-déjeu­ner… en sortant de la chambre d’hô­tel dans laquelle elle s’offre « ses services » sexuels après la mort de son mari. Une femme d’un certain âge et un escort boy pour une comé­die roman­tique osée et lucide comme les Anglais savent en produire.

Il fait ça et il aime ça. Elle est un peu gênée, il est très à l’aise et très doux, un vrai gent­le­man ! Elle n’a jamais eu d’or­gasme (un point de crédi­bi­lité à discu­ter quand on connaît la joie qui trans­pa­raît à la seconde dans le visage d’Emma Thomp­son) mais a pris la ferme inten­tion de ne “jamais simu­ler” depuis la mort de son mari… deux ans aupa­ra­vant ! “Vous ache­tez mes services, vous ne m’ache­tez pas moi” lui fait-il remarquer avant que la déci­sion ne s’en­gage au-delà des “déci­sions ration­nelles”. La désillu­sion de l’âge fait face à l’illu­sion du moment présent. Les points de vue comme les corps ne vont pas tarder de se renver­ser. Nous sommes bien dans une comé­die roman­tique à la tombée du lit, entre une mère de famille qui a laissé trop long­temps sa vie en jachère, et un jeune homme beau sous tous rapports, laissé en jachère par sa famille. C’est toute la qualité du script de Katy Brand que d’être en trois rendez-vous pour deux acteurs (ou presque) une étude de carac­tères subtile dans laquelle chacun décou­vrira les failles de l’autre. Sans éluder ni la nudité, ni l’ap­proche sexuelle (comment bien choi­sir le moment pour un rapport oral en pleine conver­sa­tion…), en abor­dant la diffé­rence d’âge avec une rare luci­dité, mais toujours avec humour : “Ce n’est qu’un orgasme, pas un oeuf Fabergé, les gens en ont tous les jours”, dira-t-il à sa « Mrs Robin­son » (c’est son nom).

Chro­nique d’une liai­son passa­gère

En assu­mant son huis-clos (le premier plan du film est le seul tourné en exté­rieur), la mise en scène de Sophie Hyde capte parfai­te­ment les visages à l’écoute comme les ballets des corps dans une séquence de danse sur les Alabama Shakes de Brit­tany Howard déjà d’an­tho­lo­gie. Si le cane­vas et le ton restent celui d’une comé­die roman­tique idéale pour les fêtes, cette Carte du tendre d’aujourd’­hui reste lucide jusqu’au bout, nous lais­sant avec une dernière image à l’au­then­ti­cité dévas­ta­trice. Une chro­nique d’une liai­son passa­gère plus profonde qu’il n’y paraît, la bonne surprise de cette fin d’an­née.

Mes Rendez-vous avec Leo de Sophie Hyde (GB-E.U., 1h37) avec Emma Thomp­­son, Daryl McCor­­ma­­ck… Sortie le 30 novembre.