Sortir à Lyon
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The White Lotus 2, bizarre, sexuel et émou­vant !

Simona Tabsco sirotant un spritz dans The White Lotus.
Simona Tabasco, fille de joie sans complexe de The White Lotus.

Il y a peu de série qui vieillisse aussi bien dans le temps. Débar­rassé des appa­rats de la première saison à HawaÏ, Mike White renou­velle entiè­re­ment son panel de riches clients dans un hôtel para­di­siaque avec The White Lotus 2. Pas un person­nage qui ne nous inté­resse au fil du temps, toujours portés par des acteurs impres­sion­nants, et des dialogues qui tombent comme des coupe­rets : « Les hommes se croient impor­tants mais ils errent en soli­taire » remarque inci­dem­ment une jeune femme en appa­rence naïve, mais visi­ble­ment sans illu­sion sur son couple et les enjeux de pouvoir. « On est trop jeunes pour être vieux » finissent par consta­ter Ethan et Carter, en tâchant (diffi­ci­le­ment) de rester fidèle et honnête l’un pour l’autre. En double couple voisin de cham­brées, Will Sharpe et Theo James restent les attrac­tions sensibles jusqu’à leur affron­te­ment finale, comme les deux jeunes filles de joie italiennes, para­sites irré­sis­tibles d’un hôtel 5 étoiles qui se voudrait bien tenu.

Theo James et Will Sharpe s'engueulant dans l'eau de The White Lotus.
Theo James et Will Sharpe, deux beaux mâles en sursis…

Liber­ti­nage et luci­dité impla­cable

A la fois trivial et clas­sieux, Mike White se concentre encore plus sur les névroses (souvent para­noïaques) et les aspi­ra­tions senti­men­tales de ses clients, addicts à des désirs qu’ils n’osent pas nommer ou affron­ter. Plus qu’une satire anti-riches à la façon du Sans filtre de Ruben Östlund, même s’il ne les épargne jamais jusqu’à un finale parti­cu­liè­re­ment noir, c’est surtout à une gale­rie de portraits de couples – défaits, soudés comme ils peuvent ou encore à faire – à laquelle s’at­tèle Mike White avec une rare finesse, et para­doxa­le­ment beau­coup de tendresse. C’est en faisant évoluer ses person­nages dans le temps que s’ap­pré­cie The White Lotus, par petites touches impres­sion­nistes tour à tour drôles, sarcas­tiques ou émou­vantes, jamais esclave des appa­rences. D’une luci­dité impla­cable, cette sorte d’Eyes wide shut choral sait aussi rester liber­tin dans des dialogues ou des scènes de sexe inci­dentes mais très crues, jamais gratuites, en faisant toujours exis­ter dans sa mise en scène la réac­tion de ses person­nages comme un boule­ver­se­ment inté­rieur. Rien de cynique là-dedans, au contraire, le drame presque roman­tique dans une Sicile idyl­lique de person­nages de tous âges qui ne parviennent plus à accor­der leurs senti­ments avec leurs désirs. Un sommet d’ob­ser­va­tion sociale qui met constam­ment en scène les tour­ments inté­rieurs de ces drôles d’ani­maux pertur­bés par les autres que nous sommes. Une claque.

The White Lotus de Mike White, saison 2 inté­grale (7×1h) sur OCS. Un person­nage annonce un départ pour les Maldives pour une saison 3, que Mike White a confir­mée depuis.

Simona Tabasco et Adam DiMarco dans la piscine de The White Lotus.
Adam DiMarco, dans l’eau et bien­tôt dans les filets de Simona Tabasco.