Sortir à Lyon
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Mon Crime, un nouveau Ozon fémi­niste et réjouis­sant

Rebecca Marder et Nadia Tereszkiewicz et leurs chapeaux en costumes au café dans Mon Crime.
Rebecca Marder et Nadia Tereszkiewicz, les deux héroïnes de Mon Crime.

Entre Huit femmes et Potiche, Ozon renoue avec la comé­die poli­cière avec Mon Crime. Pour un casting 5 étoiles de Fabrice Luchini à Isabelle Huppert, en offrant les deux rôles prin­ci­paux aux merveilleuses Nadia Teresz­kie­wicz et Rebecca Marder. Un bonheur de diver­tis­se­ment.

Depuis Huit femmes ou Potiche, François Ozon a l’art de déni­cher de comé­dies de boule­vard de derrière les fagots, moins super­fi­cielles qu’il n’y paraît, pour mieux dérou­ler le tapis rouge aux actrices et aux acteurs qu’il aime comme personne. Adapté d’une pièce des années 30 de Georges Berr, Mon Crime se chauffe à ce bois-là, comé­die poli­cière cynique et fémi­niste qui fait la part belle à deux jeunes actrices épatantes : Nadia Teres­kie­wicz en vraie-fausse crimi­nelle qui avoue son forfait imagi­naire pour mieux être défen­due par Rebecca Marder, subtile avocate garçonne qui réserve son lot de surprises jusqu’à ma dernière scène !

Dany Boon et Fabrice Luchini, deux seconds rôles de Mon Crime.

Autour d’elles, en Resnais joyeux rendant hommage au théâtre et au cinéma muet, Ozon amuse la gale­rie en se payant le luxe de réunir les plus grands acteurs d’aujourd’­hui en seconds rôles: Luchini, toujours fabu­leux en juge lamen­table qui parle mal le français (mais oui !), Huppert en pleine auto­dé­ri­sion d’ac­trice vieillis­sante atta­chée à son statut, atti­fée comme Cruella, et André Dussol­lier en dessert pour conclure par un dernier rebon­dis­se­ment ce prétexte au pur diver­tis­se­ment.

Isabelle Huppert en Cruella dans Mon Crime de François Ozon.

Pour l’amour de Danielle Darrieux

Si Mon Crime est avant tout un exer­cice de style brillant, esthé­tique­ment somp­tueux mais parfois inégal, son propos sur la condi­tion des femmes en 1935 résonne évidem­ment parti­cu­liè­re­ment aux oreilles d’aujourd’­hui. Si le maté­riau de départ n’at­teint pas les sommets de Potiche, l’amo­ra­lité et le cynisme joyeux propres à Ozon toujours tourné vers le pur plai­sir de jouer sont ici un hommage à la voix d’une des grandes actrices qu’il avait fait tourné dans 8 femmes et qui avait juste­ment débuté au cinéma dans les années 30 : Danielle Darrieux, dont la douce voix vous accom­pa­gnera au géné­rique de fin en sortant. Bel hommage.

Mon Crime de François Ozon (Fr, 1h42) avec Nadia Teres­kie­wicz, Rebecca Marder, Fabrice Luchini, Isabelle Huppert, Dany Boon, Michel Fau, Daniel Prévost, Myriam Boyer, Edouard Sulpice, Félix Lefèb­vre… Sortie le 8 mars.