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François Ozon nous raconte Mon Crime, son nouveau film 5 étoiles

François Ozon avec Luchini et Huppert en costumes en train de lire le scénario de Mon Crime.
François Ozon et deux de ses acteurs fétiches, Fabrice Luchini et Isabelle Huppert.

Après Huit Femmes et Potiche, François Ozon revient à la comé­die de boule­vard revue et corri­gée avec Mon Crime, et un casting 5 étoiles : Huppert, Luchini, Dussol­lier en seconds rôles, pour mieux mettre en valeur Rebecca Marder et Nadia Teresz­kie­wicz en prota­go­nis­tes… fémi­nistes.

Il y a du Potiche et du Huit femmes dans Mon Crime…

François Ozon : “ Oui, pour moi c’est un peu le troi­sième volet d’une trilo­gie commen­cée avec Huit femmes il y a vingt ans puis pour­sui­vie avec Potiche. Huit femmes, c’était un peu un film sur le renon­ce­ment du patriar­cat, Potiche c’était l’avè­ne­ment du matriar­cat et là c’est un film sur la soro­rité, le triomphe de la compli­cité fémi­nine.

A chaque fois dans une période diffé­rente, ici ce sont les années 30 dans lesquelles les femmes n’avaient encore ni le droit de vote ni le droit d’ou­vrir un compte en banque, il fallait une dote pour se marier, beau­coup d’obs­tacles, y compris pour faire carriè­re… ça m’in­té­res­sait de suivre le chemin trans­gres­sif, tordu que ces deux jeunes femmes devaient prendre pour arri­ver à faire leur vie.

« Mon Crime est la fin d’une trilo­gie commen­cée avec Huit femmes et Potiche. »

François ozon

Où déni­chez-vous ces comé­dies de boule­vard mécon­nues ?

Par hasard, c’est Domi­nique Besne­hard qu’on voit dans le film qui m’avait conseillé Huit femmes à l’époque. Il m’avait dit “cette pièce est complè­te­ment nulle, ne la lis pas !”, bien entendu pour que je la lise… (rires) En m’ex­pliquant que quand un théâtre de province ne marchait pas, il jouait Huit femmes pour se relan­cer…

Je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose ! Ici, j’ai vrai­ment adapté la pièce qui était une comé­die, mais concen­trée sur l’as­pect judi­ciaire. Ce qui faisait rire, c’était surtout la corrup­tion de la justice de l’époque. Je l’ai recen­trée autour de ce couple de jeunes femmes que j’ai­mais beau­coup, et ce qui réson­nait de cette époque avec notre regard d’aujourd’­hui. J’ai­mais bien aussi l’amo­ra­lité de cette jeune femme qui s’ac­cuse d’un crime qu’elle n’a pas commis et acquiert ainsi la célé­bri­té…

« J’avais envie d’être dans la joie et de faire plai­sir aux spec­ta­teurs ! »

François Ozon

Vous rendez juste­ment hommage à Danielle Darrieux qui avait cette amora­lité joyeu­se…

Oui, on lui a même repro­ché sa légè­reté, y compris pendant la guerre ! (rires)  Je l’avais fait tour­ner dans Huit femmes, c’est une actrice que j’aime beau­coup. Elle a cette moder­nité dans le jeu, elle est géniale dans le drame comme dans la comé­die, et c’était vrai­ment la star des années 30, toutes les jeunes filles voulaient lui ressem­bler…

Elle est magni­fique dans Mauvaise Graine de Billy Wilder que je cite dans le film, même si ce n’est pas un chef-d’oeu­vre… Je voulais effec­ti­ve­ment d’une façon géné­rale retrou­ver cette jubi­la­tion. J’avais envie d’être dans le plai­sir et de faire plai­sir aux spec­ta­teurs, d’être dans la joie. C’est vrai­ment un film sur le jeu, de la fabri­ca­tion à l’in­car­na­tion.

Deman­der à Isabelle Huppert de jouer une actrice du muet qui veut sa part du gâteau, en la faisant jouer comme à l’époque et en tour­nant en pelli­cule 16mm, ou confron­ter Fabrice Luchini à Dany Boon, c’était déjà pour moi un pur plai­sir de spec­ta­teur ! Sans doute qu’un film comme celui-là serait un drame aujourd’­hui, et à juste titre. Sans doute que de partir dans les années 30 permet­tait de mettre une distance et de sourire, tout en disant des choses graves…”

Mon Crime de François Ozon (Fr, 1h42) avec Nadia Teres­­kie­­wicz, Rebecca Marder, Fabrice Luchini, Isabelle Huppert, Dany Boon, Michel Fau, Daniel Prévost, Myriam Boyer, Edouard Sulpice, Félix Lefèb­­vre… Sortie le 8 mars.