Sortir à Lyon
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Avec son nouveau film Les Ames Soeurs, Téchiné radote

Banjamin Voisin touchant les cheveux de Noémie Merlant de dos Les Ames soeurs.
Benjamin Voisin, retrouvailles manquées avec Noémie Merlant.

Malgré Benja­min Voisin et Noémie Merlant, Les Âmes soeurs d’An­dré Téchiné ne fait que repro­duire un à un les clichés de ses précé­dents films sans jamais parve­nir à en faire un nouveau. Tris­tesse.

Quelques images d’en­fants qui courent volées d’un bus au Mali, un soldat blessé en plein effort physique de recons­truc­tion de retour en France a l’hô­pi­tal… Les dix premières minutes des Âmes soeurs laissent présa­ger un instant d’un Téchiné retrouvé. Las, le film le plus narcis­sique de son réali­sa­teur depuis long­temps n’en fera rien. Ni du Mali, ni de l’ar­mée ni du passé de ce jeune homme amné­sique.

Il s’en­ferme de suite et se perd tout ensemble dans un énième récit d’ado­les­cence éper­due et abso­lue autour d’une vrai faux inceste entre deux demi-frère et sœur et une rela­tion mort née : l’un qui ne se souvient plus de rien mais est resté marqué d’avoir été élevé trop près de sa soeur, l’autre qui a passé trop de temps à s’oc­cu­per des autres et va devoir s’oc­cu­per de son petit frère alors qu’elle veut déjà partir vivre sa vie. Bref, un non-rela­tion impos­sible comme les aime Téchiné.

Benjamin Voisin foulard rouge campagne Les Ames Soeurs.
Benja­min Voisin, perdu dans l’Ariège de Téchiné.

Film perdu pour jeunesse éper­due

Que va-t-il se passer ? Évidem­ment rien, et Téchiné radote tous ses films précé­dents sans jamais parve­nir à en faire un nouveau. On retrouve ainsi le trau­ma­tisme de la guerre du frère des Roseaux sauvages, un travelo des bois en alter-ego du cinéaste revenu de Nos Années folles (avec tenta­tive de suicide dans une mare des bois au bout de dix minutes), et bien sûr un jeune homme buté et perdu coupé de sa rela­tion aux autres comme dans tous les films de Téchiné, avec le même couple frère-soeur que dans Les Voleurs et la même fin que dans J’Em­brasse pas… (n’en jetez plus !)

Énième travel­ling de parlote en forêt, et bien sûr, ça de vient sa marque de fabrique, énième pastiche de la scène de la moby­lette enla­cée des Roseaux sauvages en plagiant la musique de feu Philippe Sarde. L’étran­geté de ces soli­tudes perdues dans une riche demeure déca­tie au fond du bois aurait pu prendre si seule­ment les rela­tions entre ses trois person­nages eurent été un temps soit peu crédibles, et la caméra autre chose que plate­ment natu­ra­liste (« vibrante » disent les amateurs…). Les comé­diens n’ont pratique­ment rien à incar­ner (un ancien cama­rade d’ar­mée passe voir David, mais on ne verra jamais la rencontre). Notre incom­pré­hen­sion touche le fond quand Téchiné s’es­saie à filmer en PowerPoint un projet de réha­bi­li­ta­tion écolo de la demeure déla­brée de ce pauvre André Marcon. Tris­tesse.

Les Âmes soeurs d’An­dré Téchiné (Fr, 1h40) avec Benja­min Voisin, Noémie Merlant, André Marcon… Sortie le 12 avril.

Noémei Merlant et André Marcon sourires.