Sortir à Lyon
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RONE sur le dance floor de Four­vière

Exclusif - Spectacle "Room with a View" au thÈ‚tre du Ch‚telet ‡ Paris le 4 mars 2020.

Notre musi­cien elec­tro préféré monte sur la scène de Four­vière avec la compa­gnie (La)Horde pour A Room with a view, présenté dans le cadre de la Bien­nale de la danse. Avant de créer sa première elec­tro-sympho­nie avec l’ONL à l’Au­di­to­rium à la fin du mois. L’oc­ca­sion d’un entre­tien… dans lequel il nous révèle sa colla­bo­ra­tion avec Jacques Audiard pour son nouveau film, présen­tés à Cannes.

C’est (La)Horde qui est venu vous cher­cher pour le spec­tacle A Room with a view ?

Rone : Non, c’est exac­te­ment l’in­verse ! En fait, ils n’avaient pas encore été nommés à la tête du Ballet natio­nal de Marseille, c’était juste avant, on se suivait sur les réseaux sociaux, j’avais vu leurs vidéos. J’ai­mais bien leur éner­gie et leur approche poli­tique aussi, je trou­vais qu’il y avait quelque chose d’as­sez nouveau dans leur démarche. Quand le théâtre du Châte­let m’a donné carte blanche, j’ai tout de suite pensé à eux, la scène est très grande, beau­coup trop grande pour que j’y fasse un concert tout seul ! ça corres­pon­dait à mon envie de travailler avec des danseurs et on a pu le faire dans de très bonnes condi­tions. On a pu travailler ensemble à 8 mains (puisqu’ils sont trois !), avec un casting de danseurs inter­na­tio­nal et deux semaines de repré­sen­ta­tions. C’était idéal, donc je suis très heureux de pouvoir reprendre cette tour­née aujourd’­hui.

Vous parlez toujours de “concert” et non pas de “DJ set” quand vous évoquez votre travail, c’est parce que vous aimez débor­der de la stricte scène elec­tro ?

C’est une distinc­tion impor­tante pour moi, tout simple­ment parce que c’est une erreur de croire que je suis un DJ, même si ça n’a rien de mépri­sant. Mais j’ai toujours joué ma propre musique avec mes machines et mes instru­ments élec­tro­niques, pas la musique des autres.

Avec l’ONL, vous vous lancez fin juin dans un nouveau projet fou de compo­si­teur : écrire votre première créa­tion elec­tro-sympho­nique… Pour­tant je crois que vous avez eu long­temps le complexe de l’au­to­di­dacte qui connaît moins la musique clas­sique. Il vous a passé ?

Oui, j’ai eu long­temps le syndrome de l’im­pos­teur, par exemple lorsque je me retrou­vais sur des grandes scènes alors que je ne sais pas lire la musique… Quand je rencon­trais des musi­ciens, au violon­celle ou au violon, je me faisais tout petit… Et c’est juste­ment à leur contact que je me suis décom­plexé. Ils finis­saient par me dire : “arrête de te poser trop de ques­tions et écris ta musique !”.

Comment est-ce qu’on écrit une sympho­nie élec­tro­nique ?

Je suis parti des morceaux elec­tro que j’avais composé en me deman­dant comment je pour­rai les arran­ger pour un orchestre sympho­nique, pour arri­ver à un concert d’1h30 ! Je recherche vrai­ment un équi­libre entre elec­tro et acous­tique avec un jeu de reliefs et de fusion pour mettre en valeur chaque texture musi­cale. Je travaille pour ça avec un véri­table arran­geur, Romain Allen­der, qui lui est capable de géné­rer des parti­tions. Je laisse tour à tour l’or­chestre ou l’elec­tro s’ex­pri­mer seul, mais j’uti­lise des morceaux samplés en faisant rejouer par-dessus telle ou telle partie de l’or­chestre pour démul­ti­plier les possi­bi­li­tés et arri­ver à des endroits nouveaux de pure colla­bo­ra­tion live au moment du concert.

Rone face à lui-même pour compo­ser l’al­bum Créa­tures.

Les machines élec­tro­niques aident-elles à la concep­tion et à l’écri­ture pour l’ar­chi­tec­ture d’un orchestre ?

C’est très écrit en tout cas, j’es­saie de tenir un équi­libre et de vrai­ment racon­ter une histoire musi­cale pendant 1h30. J’avais déjà eu une expé­rience avec un trio clas­sique et j’avais travaillés avec l’Or­chestre Les Siècles de François-Xavier Roth pour mon disque Motion. Mais ici le live devrait je l’es­père produire un résul­tat assez inno­vant, même si pour le moment je travaille sel dans mon coin en Bretagne.

Y a-t-il des musiques clas­siques qui vous inspirent parti­cu­liè­re­ment ?

Philip Glass ou Steve Reich sont évidem­ment des réfé­rences énormes pour moi. Mais je me surprends à aimer sur le tard plus que je ne le pensais des musiques plus anciennes comme celle de Vivaldi, parti­cu­liè­re­ment atmo­sphé­rique, et qui devrait sans doute inspi­rer ce projet.

« Je rêve de faire une comé­die musi­cale avec les 18 danseurs de La(Horde) filmée par Jacques Audiard ! »

(rone)

Vous avez un reçu un César pour la musique du film La Nuit venue. La musique de film est-elle pour vous atmo­sphé­rique ou au contraire plus narra­tive ?

Pour La Nuit venue, il s’agis­sait d’une musique nocturne dans Paris assez atmo­sphé­rique effec­ti­ve­ment. Mais je viens de termi­ner la musique du dernier film de Jacques Audiard (Les Olym­piades, avec Noémie Merlant, ndlr), où là j’ai pu faire un travail plus narra­tif et expri­mer les senti­ments des person­nages. C’est un de mes réali­sa­teurs préfé­rés, j’étais déjà ravi au départ, mais c’est en plus quelqu’un qui aime être surpris, donc le travail en commun est vrai­ment passion­nant.

Vous n’êtes déci­dé­ment pas un vrai DJ derrière ses platines : vous avez besoin de travailler avec les autres, danseurs, chan­teurs, cinéas­tes…

La créa­tion musi­cale est un travail très soli­taire. J’ai passé des années tout seul à faire de la musique instru­men­tale comme un labo­ran­tin ! Plus ça va, plus j’aime le collec­tif, il me nour­rit. Je rêve de faire une grande comé­die musi­cale avec les 18 danseurs du ballet filmée par Jacques Audiard, je vais finir tota­le­ment mégalo ! (rires) Mais mon prochain album sera proba­ble­ment un album pure­ment elec­tro, je suis un peu schizo, comme le montrent les deux spec­tacles que je viens faire à Lyon…

Propos recueillis par Luc Hernan­dez

RONE aux Nuits Sonores en 2018.

A Room with a view par Rone at (La)Horde. Dimanche 13 et lundi 14 juin à 21h aux Nuits de Four­vière, Grand Théâtre, dans le cadre de la Bien­nale de la danse. De 16 à 32 €. nuits­de­four­viere.com. Puis sur France 5 le vendredi 18 juin à 20h55 et sur france.tv en replay.

Rone, créa­tion elec­tro-sympho­nique avec l’ONL. Ven 25 et sam 26 juin à 20h à l’Au­di­to­rium, Lyon 3e. audi­to­rium-lyon.com

Les Olym­piades, Paris XIIIe, un film de Jacques Audiard, musique de Rone (en compé­ti­tion au festi­val de Cannes). Le 3 novembre au cinéma.

Photos : Cyril Moreau avec La(Horde), ci-dessus Olivier Donnet.

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