
Même les rappeurs finissent par se faire des cheveux blancs. On a le sentiment qu’il a toujours été là, mais Orelsan est déjà un vieux dans le « rap game », en témoigne cette mèche décolorée qu’il arbore depuis peu. Et si les horloges tournent, le rappeur sait en tirer parti pour remettre les pendules à l’heure. Avec son dernier album, Civilisation, le caennais en profite même pour se renouveler, sans renier ce qui a fait son charme : l’autodérision, les références culturelles et les punchlines bien placées : « On sait pas gérer nos émotions donc on les cache, on ne sait pas gérer nos relations donc on les gâche ». Dans son premier album Perdu d’Avance sorti en en 2009, le normand mal dégrossi dressait une ode à la défaite et aux losers. Une écriture singulière et novatrice dans un univers marqué par les codes de la virilité triomphante. Depuis, Orelsan a connu les succès commerciaux et les critiques (pas de notre part). Ce qui ne semble en rien entacher son désir de toujours faire « du rap pour les gens normaux ». Depuis sa sortie, son dernier album est un carton plein.

Féroce et vulnérable
Il a gardé cette écriture féroce et cruelle qui a fait son succès. Mais le rappeur se cache moins, avec des textes sur la peur de la paternité, la dépression, le temps qui passe. Son dernier album est également moins centré sur lui-même et le normand ancre ses textes dans un univers social jusqu’à présent délaissé : une manifestation qui dégénère, les médias de masse, ou la montée de l’extrême-droite. La roue tourne, les modes passent mais Orelsan rappelle que par les temps qui court il est toujours loin devant : « J’veux voir mes fans grandir avec moi, j’leur vendrai jamais n’importe quoi, j’veux pas devenir une erreur de jeunesse que tu regrettes quand tu grandiras ». N’allez pas le croire sur parole, sa venue à la Halle est la bonne occasion pour vérifier qu’il s’est trompé.
Orelsan. Mardi 15 novembre à 20h à la Halle Tony Garnier, Lyon 7e. De 40 € en fosse à 65 € carré Or.