Sortir à Lyon
Partager cet article :

Ce qu’il faut abso­lu­ment aller voir aux Nuits Sonores, de jour comme de nuit

Laurent Garnier foule et néons aux Nuits Sonores.
Un set de folie de Laurent Garnier aux Nuits Sonores en 2015.

[mis à jour]

20 ans de Nuits sonores à Lyon ! Avec DARKSIDE, Chilly Gonza­lez, The Bles­sed Madonna, Todd Terje, Mode­rat, cette édition anni­ver­saire s’an­nonce excep­tion­nelle, malgré la défec­tion annon­cée du patron, Laurent Garnier, pour raison de santé…

 Pose ton vendredi ! » Dans d’autres villes que la nôtre, ce conseil s’ap­plique simple­ment à ériger le fameux pont de l’As­cen­sion – le plus beau de tous ces merveilleux ponts prin­ta­niers aux promesses d’éva­sion, de soleil et de bon temps, loin de l’agi­ta­tion de la ville. Mais pas à Lyon. Non, à Lyon, capi­tale des Gaules mais aussi des musiques élec­tro­niques, le vendredi en ques­tion se passe bien en pleine ville, souvent dans ses inter­stices post-indus­triels les plus inor­ga­niques, réen­chan­tés pour quelques soirs seule­ment. Il sert à se remettre des Nuits 1 et 2 ou bien à prendre des forces pour les Nuits 3 et 4 – parfois même les deux, pour les plus jeunes ou témé­raires d’entre nous. On a tous fait l’er­reur, une année, de ne pas le poser. On a tous regretté. On ne nous y repren­dra pas.

Posez donc votre vendredi, c’est un ordre, et restez à Lyon. Cette année, plus que jamais, Paris, Barce­lone ou Milan atten­dront. Voilà vingt ans qu’une modeste bande de passion­nés façonnent avec un soin déli­rant cette expé­rience festi­va­lière parmi les plus singu­lières qui soit et s’at­tachent à trans­for­mer, le temps d’un week-end de quatre jours, la cité en véri­table mara­thon de décou­vertes et de fête. Vingt ans, putain ! On n’égrè­nera pas ici les grands moments passés – ce serait trop long – mais c’est peu dire que la boîte à souve­nirs déborde déjà. Cette ving­tième édition anni­ver­saire risque bien d’en rajou­ter encore deux ou trois… 

Des jours et des nuits

Cela peut paraître contre-intui­tif, mais depuis quelques années, le programme « de jour » des Nuits Sonores s’est étoffé à un tel point qu’il est devenu l’une des attrac­tions prin­ci­pales de l’évé­ne­ment. C’est encore le cas cette année. De retour dans leur écrin de la Sucrière, ces « Days » en format 16h – 23h nous font sérieu­se­ment de l’œil, notam­ment le Day 3, avec son redou­table combo disco : Todd Terje, suivi de Camion Bazar, en live ! On part donc sur un début de soirée aussi fou que groovy. Et après tout ce petit monde, le grand Dixon s’ap­puiera sur sa tech­nique plus que parfaite pour nous envoyer au para­dis du dance­floor…

Le genre de prog’ qui nous met le smile d’avance. Côté nuit, notre cœur balance tant la program­ma­tion est vaste mais s’il fallait n’en choi­sir qu’une, ce serait la première. Une ouver­ture en grande pompe, avec l’éton­nante artiste sonore et visuelle Mika Oki en fil rouge, qui accueillera entre ses trois sets les lives de Cate­rina Barbieri et Mode­rat avant de céder sa place à Clark puis à l’im­mense Richie Hawtin à 3h, pour un final d’an­tho­lo­gie jusqu’au petit matin. S’il fallait en choi­sir deux, on pren­drait aussi la Nuit 4, pour revoir the Bles­sed Madonna

Mode­rat, sans modé­ra­tion. (photo Birgit Kaul­fuss)

DARKSIDE en quatre à la suite

Les musiques élec­tro­niques et le rock s’en­lacent parfois – et c’est souvent à New-York que ça se passe. On pense évidem­ment à The Rapture et LCD Sound­sys­tem et toute la constel­la­tion de projets sortis sur le label DFA records dans les années 2000. Un peu plus tard, au début de la décen­nie suivante, la rencontre entre le compo­si­teur et produc­teur améri­cano-chilien Nico­las Jaar et le guita­riste rock Dave Harring­ton donne nais­sance au duo DARKSIDE, l’un des plus sublimes ponts entre psyché­dé­lisme et musiques élec­tro­niques. Après une longue pause, le duo est revenu en 2021 avec un nouvel album, Spiral, et a même enfoncé le clou l’an dernier avec Ecdy­sis, un excellent nouveau single…

Autant dire qu’on attend leur retour en concert avec impa­tience, d’au­tant que c’est vrai­ment sur scène qu’ils prennent toute leur mesure. En live, les morceaux s’étirent et prennent litté­ra­le­ment vie, entre moments de grâce où le temps se suspend, solos de guitare à tomber et irré­sis­tibles montées en puis­sance élec­tro. On entre dans la transe. Alors pour donner suite à leur pres­ta­tion de 2014, restée dans toutes les mémoires, les orga­ni­sa­teurs ont invité le duo à se produire cette fois quatre fois d’af­fi­lée, sous la verrière des Subsis­tances, un autre lieu emblé­ma­tique de l’his­toire du festi­val. C’est immanquable.

Chilly Gonzales vien­dra peinard à l’Au­di­to­rium. (photo Alexandre Isard)

Chilly Gonzales en pantoufles

Alors lui, c’est le cool incarné. Le pianiste et produc­teur cana­dien est l’un des musi­ciens les plus courus de la planète, dont on ne compte plus les colla­bo­ra­tions géniales, avec des musi­ciens aussi divers et variés que Feist, les Daft Punk ou Jarvis Cocker. Mais la légende raconte que lors de son premier concert à Lyon, dans les années 2000 au Ninkasi Kao, il y avait moins de quarante spec­ta­teurs dans la salle. Loin de se dégon­fler, le maes­tro en complet peignoir-pantoufles donnera tout et finit dans la fosse avec le public. Il revien­dra même serrer la main à chaque spec­ta­teur présent dans la salle !

Vingt ans plus tard, on l’a revu à maintes reprises dans des salles bien plus combles, y compris aux Nuits Sonores où il était venu en 2019 présen­ter la trilo­gie Piano Solo. Une chose est sûre : sa fougue est intacte ! Les shows de Gonzales se suivent mais ne se ressemblent jamais. Surtout qu’il a livré l’an dernier un disque co-écrit avec Plas­tik­man et Richie Hawtin…   

La « Closing » sans Lolo Garnier

Comme une évidence, ce devait être à Laurent Garnier de donner un point final à tout ça. En même temps, qui d’autre ? Fidèle de Nuits sonores, record­man incon­testé de l’ar­tiste ayant le plus joué sur le festi­val, précur­seur des musiques élec­tro­niques en France et prodige des platines, Laurent Garnier est aussi en pleine actua­lité puisqu’il vient d’an­non­cer la sortie d’un nouvel album, 33 tours et puis s’en vont, à paraître le 26 mai (c’est-à-dire litté­ra­le­ment une semaine après Nuits Sonores). C’est ce qu’on pensait être un aligne­ment parfait des planètes. Malheu­reu­se­ment, il vient d’an­non­cer de devoir suspendre tous ses concerts de l’été pour des raison de santé. Tris­tesse et déso­la­tion. Reste à savoir qui va pouvoir rempla­cer le dieu de nos Nuits. Alexandre Queneau

Les 20 ans des Nuits Sonores
Du mercredi 17 au dimanche 21 mai. La Sucrière, Usines Fagor-Brandt, H7, Le Sucre.
Billets « days » (16h – 23h) de 33 à 37€. Billets « nuits » (22h – 5h) de 20 à 33€. Photo en haut : Brice Robert.

Concerts spéciaux DARKSIDE
Du mercredi 17 au samedi 20 mai, à 20h aux Subs, Lyon 1er. 35€.

Concert spécial Chilly Gonzales + Sarah McCoy
Dimanche 21 mai à 17h à l’Audi­to­rium, Lyon 3e. 34 €.

Mylène Farmer plus intime que jamais avec sa tour­née Never­more

Nous étions au concert lyonnais de la plus grande star française actuelle, pour sa (dernière ?) tournée, Nevermore. Raconté par les fans de Mylène eux-mêmes qui étaient autour de nous, c'est encore mieux. Autant le dire d’emblée, nous n’étions pas de grands connaisseurs de Myl...

Disiz, le rappeur le plus amou­reux

Entre rap, hip-hop, Prince ou Michael Jackson, Disiz reste inclassable et revient aux Nuits de Fourvière avec un dernier album, L'Amour, après avoir fait entré son tube J'pète les plombs au panthéon du rap français. Une fenêtre sur la mer nichée dans un aplat couleur soleil. L...

On a déjà vu Polna­reff et c’était pas beau à voir…

Michel Polnareff revient aux Nuits de Fourvière 7 ans après sa dernière tournée, et la nouvelle s'annonce assez chaotique... Récit d'un concert dans lequel il ne brillait déjà plus, gâchant un des plus beaux répertoires de la chanson française. Il y a des concerts dont on se s...

La soul lyon­naise de Jey Khemeya

Difficile de faire plus lyonnais que le parcours de Jey Khemeya, alias Justine Chieze, chanteuse de 22 ans dont le premier album Perceptions nous a soufflé de maturité. Entre soul, hip-hop, blues et parfois même une pointe de rock, elle nous emporte dans sa vision « un peu philos...