Sortir à Lyon
Partager cet article :

On a revu La Douleur avec Domi­nique Blanc, et c’est encore plus beau

Dominique reprend La Douleur de Duras vue par Patrice Chéreau.

Elle ressemble de plus en plus à Margue­rite Duras elle-même, n’hé­si­tant pas à se vieillir sur scène pour reprendre seule en scène le spec­tacle de Chéreau auquel elle tient tant. Les mots de Duras, orga­niques, claquent toujours autant, avec le génie du vécu qui trans­pire à chaque phrase : « Je sais tout de ce qu’on sait quand on ne sait rien » dit cette femme, M., en atten­dant l’homme de sa vie de retour de la guerre, tout en en aimant un autre. « En mourant, je ne le rejoins pas, je cesse de l’at­tendre. » Quel écri­vain a pu expri­mer aussi bien le supplice de l’at­tente, à part Robert Antelme juste­ment, l’au­teur de L’Es­pèce humaine ? La Douleur, Domi­nique Blanc en mange­rait comme la pomme qu’elle découpe en quar­tiers sur la table où elle est assise et qu’elle ne touchera pas. Elle la vit de toute sa chair.

Duras, une gifle histo­rique dans un texte terras­sant d’hu­ma­nité

Mais il n’y a rien de dolo­riste dans cet extra­or­di­naire périple en soli­taire, bien au contraire, une urgence vitale perma­nente, portée par l’ex­tra­or­di­naire adap­ta­tion du texte qu’en a fait Thierry Thieû Niang, qui passe comme un souffle en 1h15. Tout y est « vivant » comme le cri de cette femme quand elle apprend le retour de son mari, de la bouche d’un certain… François Mitter­rand. Car en plus des gestes du quoti­dien et de l’inquié­tude force­née pour celui qu’elle aime, Margue­rite Duras signe aussi un grand texte poli­tique qui résonne toujours plus aujourd’­hui. Des « char­niers à nos pieds, ici en Europe, pas en Amérique » jusqu’à la colère inat­ten­due contre De Gaulle : « A la mort de Roose­velt, il a décrété un deuil natio­nal, mais pour les dépor­tés, rien, pour le deuil du peuple, rien !« . A l’heure de notre crise démo­cra­tique, les gifles histo­riques de Duras font encore plus mal. Jusqu’au retour de l’être aimé attendu, décharné, défé­quant sans force. Duras, c’est du concret, donc du théâtre. On ne se souvient pas avoir entendu un témoi­gnage aussi puis­sant sur le retour misé­rable et mira­cu­leux des camps, et l’amour d’après l’amour qui s’en suit, bien loin d’être un sujet secon­daire de la pièce. Comme on ne se souvient pas avoir vu une comé­dienne incar­ner ce qu’il y a de plus humain sur une scène de théâtre avec autant de force et d’hu­mi­lité, portant chacun de ses gestes par la choré­gra­phie précise de son metteur en scène, et chaque mot pour conju­rer le mort au présent. La rencontre excep­tion­nelle entre un texte majeur, un grand rôle et une immense comé­dienne.

La Douleur de Margue­rite Duras, avec Domi­nique Blanc. Mise en scène origi­nale Patrice Chéreau et Thierry Thieû Niang. Jusqu’au 9 octobre au TNP à Villeur­banne, petit théâtre Jean Bouise. De 15 à 24 €. (annoncé complet mais toujours possible sur liste d’at­tente). Lire aussi notre entre­tien exclu­sif avec Domi­nique Blanc à l’oc­ca­sion de la reprise du spec­tacle.

Nanni Moretti fait sa première mise en scène de théâtre

Vous pouvez toujours aller voir les films de l'éternel égocentrique du cinéma italien. Mais le TNP a eu une idée plus originale : confier à Nanni Moretti sa première mise en scène de théâtre, à travers un diptyque (en italien) tiré de l'oeuvre la grande Natalia Ginzburg (1916-199...

Le grand William Forsythe de retour au ballet de l’Opéra de Lyon

Trois facettes de William Forsythe pour une soirée d'exception d'1h20, voilà le spectacle idéal pour retrouver les grandes heures de l'Opéra de Lyon à travers son ballet, avant sa fermeture pour cause de baisses de subventions... La soirée commencera par un adieu, Quintett, pièce...

Savez-vous comment Florence Foresti a débuté ?

On a vu et on a adoré son dernier spectacle Boys, boys, boys qu'elle vient présenter aux Nuits de Fourvière à Lyon pour 5 représentations exceptionnelles. Là où tout a commencé... Portrait d'une lyonnaise d'exception, la plus grande humoriste de sa génération. Lyonnaise, promo...

Illu­sions de Viri­paev, un grand spec­tacle d’amour à quatre

C'est un des plus beaux spectacles qu'on ait vu au théâtre ces dernières années. Créé au théâtre de l'Elysée, passé par le TNP, Illusions d'Ivan Viripaev dans la mise en scène d'Olivier Maurin revient à l'Elysée à la Guillotière. Un quatuor d'amours à ne pas rater. Avec Illusi...